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L'accès aux ressources, un cheminement complexe     le 06/04/2018

Le travail de l’historien nous éclaire sur ce qu’est notre mémoire personnelle. Qu’est-ce que se souvenir ? Qui est le sujet du souvenir ? Lorsque nous évoquons un épisode de notre existence, le temps présent est mis entre parenthèses au profit d’une plongée dans le monde englouti. Les forces, les idées, les ressources que l’action quotidienne puise dans ce monde-là nous restent invisibles. Nous les utilisons à notre insu. Il serait trop facile de considérer notre mémoire comme une réserve d’informations, de « données » accessibles selon des processus toujours actionnés de façon identique. Là encore il y a un dialogue permanent entre des couches émergentes et tout un monde de latences. L’aspect pronominal du verbe doit susciter notre étonnement. Se souvenir, c’est s’adresser à soi-même. Pour se souvenir, il faut arrêter le temps et opérer un retour vers soi. Nous faisons bien plus qu’aller chercher de l’information. Nous reprenons une parcelle de notre propre matière pour l’observer, la réorienter, la reciseler et la placer dans l’orchestration présente. Notre mémoire est la pâte dont nous sommes fabriqués. Elle contient des points durs et des zones aérées, des couches de couleurs différentes. Elle n’offre pas de tableau bien net parce que nous la modelons sans cesse. Comment parvient-on à se modeler soi-même ? Voilà qui est paradoxal. Dans les secrets du monde pronominal, la mémoire s’inscrit comme l’instrument de notre fabrication et de notre métamorphose.


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